La Mercedes EQE est l’équivalent électrique de la Mercedes Classe E. C’est donc la grande routière de la gamme EQ, à mi-chemin entre la limousine EQS et la très prochaine et novatrice familiale CLA électrique (qui sera l’équivalent nourrie aux électrons de la Classe C et de la CLA).
L’EQE 300 est la version la plus modeste de cette jolie berline. Enfin “modeste”, tout est relatif : elle est affichée en finition Executive Line à partir de 70 050 €, dispose d’un moteur à la puissance largement suffisante de 245 chevaux (180 kW) et d’une batterie à la capacité utile de 89 kWh. Selon la norme WLTP, son autonomie serait de 667 km. Mercedes promettant une recharge de 10 à 80 % en moins de 30 minutes de son énorme batterie, elle semble sur le papier une sacrée voyageuse. Comment s’en est-elle sortie, dans les conditions extrêmes auxquelles nous l’avons confrontée ?
L’EQE 300, une berline à la ligne sculptée par les besoins aérodynamiques
La première chose qui frappe lorsque l’on aperçoit cette longue berline c’est sa forme, qui semble dessinée par le vent. En la regardant de profil, c’est encore plus flagrant, elle ne présente aucune arête vive et ses jantes sont presque pleines pour favoriser l’écoulement de l’air. Sans surprise, elle affiche donc un Cx et un SCx très favorables, de respectivement 0,22 et 0,62 parmi les meilleurs du marché, présageant d’une efficience certaine sur autoroute.
Mercedes tire par ailleurs un grand avantage de la plateforme dédiée à l’électrique dont bénéficie l’EQE. En effet, si l’EQE mesure la même longueur que la Classe E actuelle (4m95), son empattement, qui s’étire sur 3m12, lui est supérieur de près de 16 centimètres.
Ainsi, la silhouette sculptée de l’EQE n’est donc pas du tout synonyme d’habitacle exigu, au contraire même. La routière allemande est particulièrement accueillante. Sa longueur dissimule bien sa hauteur qui reste généreuse malgré l’allure de berline-coupé de la voiture, et tant la taille du coffre que l’espace dévolu aux passagers arrières sont immenses. On en vient à se demander ce que peut apporter de plus l’EQS !
- Mercedes-Benz EQE 300
- Mercedes EQE
Un intérieur royal
Notre EQE 300 était un exemplaire en finition AMG Line disposant donc de détails à connotation sportive dans l’habitacle. Le volant sport, les sièges sport et les tapis de sol siglés “AMG” en témoignent. Malgré cela, un coup d’œil suffit à constater que l’on est bien dans une voiture avant tout typée confort. L’espace royal est, comme nous l’avons déjà évoqué, absolument immense ; les réglages des sièges avant (chauffants et massants) sont précis et permettent d’obtenir pour le conducteur une position de conduite parfaite. Enfin, la climatisation quadri zones permet de distinguer la température aux quatre coins de la voiture.
Dans cet océan de perfection, les deux écrans formant le tableau de bord (nous ne bénéficions pas du fameux hyperscreen) ne dénotent pas. D’une part l’ensemble écran placé devant le conducteur / affichage tête haute est aisément réglable depuis les différents boutons accessibles sur la branche gauche du volant, et donne accès aisément aux principales informations (GPS, autonomie, vitesse). D’autre part, le grand écran central propose une navigation aisée dans ses différents menus. On comprend très rapidement pourquoi le système d’exploitation propre à Mercedes-Benz, MBUX, est tant loué par la critique.
Seul bémol ? Si les commandes de climatisation sont toujours accessibles en bas de l’écran central, réduisant d’autant la taille utile de celui-ci, pourquoi ne sont-elles pas situées sous celui-ci sous forme de physique ? Leur usage en serait grandement facilité.
Un comportement en ville et sur route surprenant
Presque 5 mètres de long, un poids à vide de 2 385 kg, une puissance moteur de 245 chevaux, ce n’est, de toute évidence, pas la fiche technique idéale pour se faufiler en ville ou enchaîner les virages joyeusement sur une départementale, n’est-ce pas ?
Si, évidemment, l’EQE 300 ne se joue pas du trafic urbain comme une Citroën Ami, ou taille les courbes au scalpel telle une Honda Civic Type R, elle se sort plus qu’honorablement de ses situations pour lesquelles elle n’est pas conçue. En ville, les manœuvres dans les ruelles à basse vitesse ou les créneaux sont un jeu d’enfant grâce à l’apport des roues arrières directrices (optionnelles) qui braquent jusqu’à 10°, et pour cause, le diamètre de braquage de 12,50 m de série chute à 10,70 m grâce à cet artifice (11,60 m avec les roues arrière directrices braquant à 4,5°). A titre de comparaison celui d’une Mercedes Classe A est de 11 m. Cela permet donc à l’EQE d’être beaucoup plus agile que ses alter égo électriques (Tesla Model S, BMW i5) ou thermiques (Mercedes Classe E, Audi A6).
Dès qu’on sort de la ville, on est surpris par le dynamisme de l’auto. Le centre de gravité bas (la lourde batterie est située dans le plancher), le couple disponible immédiatement et le bon calibrage de la direction donnent confiance et on se surprend à épouser un rythme bien plus soutenu que prévu. Alors évidemment, les freins ne sont pas dimensionnés pour adopter le rythme de Sébastien Ogier lorsqu’il traverse les Alpes durant le Monte-Carlo, et les lois de la physique se rappellent à nous dès qu’on aborde avec un peu trop d’optimisme une courbe plus serrée que prévu.
A allure plus conventionnelle, le comportement de la voiture est très sain. On peut alors apprécier la fonction massage des sièges avant et remarquer qu’à aucun moment on a besoin de plus de 245 chevaux dans une voiture électrique. On prend alors conscience de la pertinence d’une motorisation électrique sur une telle voiture : confort auditif induit par le silence de la motorisation, aucune rupture de couple, puissance disponible immédiatement. Consommation en extra-urbain ? Environ 19 kWh / 100 km (à majorer de 2 kWh lorsque les routes extra-urbaines sont en fait des cols alpins).
L’EQE 300 ? Avant tout une autoroutière accomplie.
Paris – Notre-Dame-de-Bellecombe c’est 3 km de ville, 600 d’autoroute puis 27 de route de montagne. Pour ce premier long trajet en électrique, quelque peu anxieux, j’avais utilisé de nombreux simulateurs de trajets afin de programmer mes recharges. Mais ma bonne étoile, m’a dit : “Ne prépare rien, tu n’auras besoin de ne faire qu’une seule recharge et de toute façon tes enfants voudront se dégourdir les jambes et toi boire un café avant que tu aies besoin de faire le plein d’électrons. A ce moment là tu t’arrêteras simplement sur la première aire de service pour faire le plein”.
C’est exactement ce qui s’est passé. Parti à 6h du matin de Montmartre par 6°c, roulant aux limitations tout le long (et même un peu au-dessus), climatisation à 22°c et écrans allumés, nous étions un peu plus de 3h plus tard sur une aire d’autoroute au Sud de Beaune avec encore 15% de batterie, 350 km plus loin. La voiture m’indiquait alors de rester branché 25 minutes à cette station Total Energies pour arriver à destination. Deux cafés et un croissant plus tard (soit 32 minutes), l’EQE affichait 85 % de batterie. Seulement ? Oui, j’avais par erreur désactivé le préchauffage de batterie. Mais ceci n’a pas dû avoir un grand impact car durant notre trajet retour, le 12-80 % a été effectué (avec la batterie préchauffée cette fois) en exactement 30 minutes (alors que des pointes à 172 kWh ont été atteintes contre 135 max à l’aller).
- Mercedes-Benz EQE 300
- Mercedes-Benz EQE 300
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Bref, en roulant constamment aux limitations, l’EQE 300 ne consomme, dans des conditions hivernales particulièrement défavorables, que 21 à 22 kWh / 100 km. Soit une autonomie de 373 kilomètres sur la première charge (de 100% à 10%), puis de 290 kilomètres sur les charges suivantes (de 80 à 10%). En clair, dans bien des cas effectuer de longs trajets en EQE 300 ne sera absolument pas plus contraignant qu’effectuer les mêmes trajets en voiture thermique.
La question de l’autonomie (et de la recharge) sur autoroute de l’EQE 300 n’en étant pas vraiment une, comme nous venons de le voir, on apprécie grandement d’être à son volant, à mesure que les kilomètres défilent. Le confort de la suspension est excellent (quoique notre modèle ne soit équipé que de la suspension passive de série, et non de la suspension pneumatique), les sièges présentent un compromis parfait entre maintien et souplesse, et on profite, notamment grâce à la fée électricité et au double vitrage feuilleté, d’un silence de cathédrale aux allures autoroutières. L’environnement est donc parfait pour profiter des aides à la conduite de niveau 2 proposées, au calibrage excellent : sans doute les meilleures ADAS du marché à ce jour.
Les tarifs de la Mercedes EQE 300 AMG Line
La Mercedes EQE 300 est disponible à partir de 70 050 euros. La finition AMG Line induit un surcoût de 11 000 euros et notre modèle, notamment doté du Pack Premium Plus à 10 000 euros et des roues arrières directrices 10°, est affiché à un prix catalogue de 96 000 euros.
C’est une somme importante, sans aucun doute. Mais il est indispensable de la mettre en perspective avec ses concurrentes directes. La BMW i5 eDrive40 340 ch, à l’autonomie bien moindre (de l’ordre de 10 à 15 %) coûte au minimum 76 000 euros, et une Mercedes Classe E 200 en finition AMG Line (de seulement 227 chevaux) coûte près de 76 000 euros en tenant compte des deux malus (au poids et CO2) auxquels elle est soumise, tout en apportant bien moins d’agrément que “notre” EQE 300.
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