Un de plus !
MG, BYD (dont nous revenons tout juste, avec le Sealion-5 DM-i), Link&Co, XPeng, Aiways, Nio, voire même “l’arrondi” au vietnamien Vinfast, les constructeurs chinois continuent d’investir massivement l’Europe. Auparavant moqués pour leur style très très proche des références européennes, ou par leur sécurité passive risible, on a vite appris à prendre très au sérieux ces constructeurs venus d’Asie. Certain(e)s resteront ironiques, et aveugles, face à ces nouveaux acteurs, comme emprisonnés par l’image de marque écrasante des constructeurs européens, et à tout hasard germaniques. La force des constructeurs allemands ! Une force d’ailleurs plus si vraie, de nos jours. Les défis d’homologation, les normes, l’enjeu éventuellement théorique du 100% électrique de 2035 … voici certaines des raisons, qui n’épargnent pas ces marques fortes. Que de défis à relever alors. Factuellement, les constructeurs chinois proposent bien souvent des produits intelligemment “européanisés”, sans compromis sur la technologie, et aux tarifs naturellement très étudiés. Une réponse aux tarifs qui flambent : voici bien l’un des gros problèmes de notre époque moderne.
Ces nouveaux acteurs n’ont pas que des détracteurs au PMU du coin … Au sein de notre milieu des médias automobiles un rien spécialisés, il est certain que l’image de marque des constructeurs historiques reste forte, et que l’habitude de moquer les constructeurs chinois peut rester tenace. Est ce un moyen de se rassurer que de se dire qu’une VW, une Audi, une Peugeot, sont forcément mieux qu’une BYD, qu’une MG, qu’un Jaecoo ? Faut-il virer du côté d’un certain protectionnisme, tel le récent abandon “Made in Europe” du bonus écologique des autos non fabriquées en Europe ? Est ce qu’adhérer à ces nouvelles offres fait de nous des grands méchants loups qui vantent des produits qui pourraient rayer de la carte tant de marques bien installées ? On vous laisse réfléchir, vous avez 4h.
Une offre apparemment sérieuse !
De notre côté, on garde la passion de l’automobile, telle qu’elle est, telle qu’elle traverse les époques. On osera vous dire là où ces nouveaux produits sont brillants, là où ils pourraient s’améliorer, en somme comme on le ferait pour une BMW ou une Peugeot. Dans ce milieu, on aime toujours échanger avec toutes les “petites mains” du secteur : relations presse, communicants, agences évènementielles comme “prestataires”, photographes freelances, préparateurs, et même hier nos chers assistants “lumière” dans ce studio de St-Denis (93) ! Parce qu’il faut de tout pour faire ce monde, que toutes les pièces de l’échiquier sont indispensables pour le fonctionnement optimal ; comme les bénévoles et commissaires de nos évènements circuit préférés (on en parle en connaissance de cause, à notre cher Montlhéry qui a nommé votre média favori !).
De ces échanges au jour le jour, on note que cette arrivée de “néo-constructeurs” apporte un vrai mouvement d’air frais, en ce contexte toujours plus anxiogène, automobile et européen. On distingue alors chez nos amis relations presse de ces constructeurs un partage entre les passionnés de ces débuts d’intégrations au marché français, mais aussi celles et ceux, habitué-e-s aux marques établies, qui veulent tenter ce saut en parachute à un moment clé de leur carrière. Comment travailler avec les forces vives locales de ces constructeurs chinois ? Booster sa flexibilité au quotidien. Témoigner de la vitesse inédite des progrès du côté des produits.
Chez Omoda&Jaecoo, il semble que nous ayons un mélange de ces deux types de profils. Et si les nouvelles marques asiatiques deviennent presque indénombrables, toutes n’ont pas, finalement, les épaules assez solides pour perdurer en nos contrées quelque peu traditionnelles européennes. Apparemment, Omoda&Jaecoo soigne son entrée pour tenir dans la durée.
Or à l’image de MG ou BYD, Omoda&Jaecoo se base sur des racines solides. Les deux lignes de produits, certes nées qu’en 2023, appartiennent au groupe Chery, de 1997. Les chiffres sont éloquents : plus de 17 millions de véhicules vendus, 5,5 millions exportés vers 120 marchés. 2024 a vu 2,6 millions de ventes ; le chiffre d’affaires s’élève à 59,7 milliards de dollars.
Si les équipes, on le disait, détiennent des profils tant de marques européennes que d’autres marques chinoises, il faut surtout noter que Omoda&Jaecoo bénéficie d’un centre de R&D en Europe, et en Allemagne (au plus près du puissant savoir-faire germanique). Aussi, l’intégration du marché français n’est presque qu’une banale étape : Pologne, Hongrie, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Allemagne sont déjà “dotés” d’Omoda&Jaecoo. Cela nous donne 100000 véhicules immatriculés en Europe en 2024. Aussi, le groupe a investi dans un site de production à Barcelone en 2024, ce qui peut être utile pour de futurs développements électriques.. (et retrouver le bonus, le nerf de la guerre).
Côté France, 70 distributeurs et ateliers agrées sont attendus pour le printemps 2026.
Jaecoo : l’offre aventurière
On vous en parlait dans notre récent sujet introductif sur Omoda&Jaecoo : la première ligne de produits mise sur le raffinement et la subtilité de design, la deuxième est plus aventurière et “brut de décoffrage”. C’est cette deuxième offre que nous vous détaillerons plus en détails ici.
Globalement, les premières autos, SUVs, qui nous ont été présentées profitent d’une même plateforme et d’une même architecture hybride. Oui, hybride ! Omoda&Jaecoo suit MG et BYD dans la confiance en l’offre hybride, notamment pour le marché européen. Leurs électriques ne profitent plus de bonus écologique si faites hors d’Europe, à l’heure où le zéro émissions continue de montrer certaines contraintes à la recharge … et se montre encore timide dans les parts de ventes. Malgré l’ultimatum de 2035, les constructeurs chinois font du pragmatique et visent à proposer une offre efficiente pour l’instant T, avec peu de contraintes, justement. C’est malin !
Le socle commun se compose alors d’une architecture hybride typée générateur que l’on peut retrouver chez Honda, Mazda et Nissan, et les chinois Link&Co, MG et BYD. Une technologie donc bien peu-connue en Europe, hormis la confidentielle BMW i3 “ReX”, pas tout à fait aussi évoluée : son moteur thermique de scooter permettait alors d’un peu améliorer la polyvalence de l’innovante petite électrique. Notons que cela pourrait bien arriver chez Volvo voire Renault, par le partenariat groupe Geely, et même Lotus pour l’Electre !
Le bloc thermique est un quatre cylindres 1.5 Turbo, une solution commune aux concurrents locaux. Il propose un cycle Miller, une chaine de distribution. Le fonctionnement est assez similaire aux concurrents : le roulage en électrique est largement favorisé à basse vitesse puis le thermique est ensuite utilisé qu’en strict générateur, pour réguler la réserve d’énergie de la batterie. La transmission diffère : si MG propose par exemple une boite automatique trois rapports pour les vitesses extra-urbaines, Jaecoo se contente ici d’un rapport unique. En analogie avec la majorité de ces systèmes, le thermique entraine directement les roues sur voie rapide ; on imagine que le ressenti autoroute se calquera sur nos habitudes de thermique sur un rapport élevé de boite multi-rapports.
Jaecoo 5 : un petit SUV teinté baroudeur
Commençons par le plus petit modèle du lancement de Jaecoo : le numéro 5 (on ne parle pas de Chanel). 4,38 m de longueur, à comparer aux 4,30 m d’un Peugeot 2008, et aux 4,33 m d’un BYD Atto 2 DM-i très récent. Jaecoo propose alors une offre de SUV urbain de segment B, qui lorgne presque sur le C. Hormis sa calandre chromée massive, l’auto propose un style assez épuré, simple, géométrique, qui avec ici son toit noir lui donne de profil un certain air de gros Suzuki Vitara. De l’arrière, avec ses fines optiques horizontales et son bandeau noir, difficile de ne pas retrouver un certain côté Range Rover Evoque : il y a pire référence ! Il subsiste donc quelques inspirations, mais l’ensemble a une certaine personnalité propre, et le style est agréable. Surtout, les optiques et jantes sont travaillées, et l’auto propose un certain nombre de détails subtils.
A bord, notez le grand écran tactile central, implanté en pente douce. Petit clin d’oeil au très récent Citroën C5 Aircross, salué par la critique. On retrouve sinon un petit écran devant le conducteur, et de discrets aérateurs. D’une manière assez certaine, l’intérieur est moderne et plutôt raffiné, presque plus que ce que l’extérieur suggérait. Les constructeurs chinois nous ont habitué à une qualité de finition très honorable, c’est le cas ici aussi. Peu de touches physiques : seules subsistent les warnings, modes de conduite et la condamnation centralisée. L’ergonomie de l’écran semble sinon plutôt limpide, bien que les réglages soients très multiples et demanderont un peu d’habitude.
Côté aspects pratiques, l’habitabilité arrière est assez conséquente, même si on aurait peut-être aimé bénéficier de plus de place pour caser nos pieds sous les sièges avant. Le volume de coffre est correct avec 410 L, même si les Atto 2 et 2008 en proposent un peu plus, avec 425-434 L. Le seuil de chargement paraît élevé en revanche, une constante des autres SUVs observés ici.
Techniquement, le Jaecoo 5 propose une offre hybride non rechargeable, traction, de 224 ch cumulés, et 310 Nm de couple. (143 ch thermique, 204 ch électrique, batterie 1,83 kWh) 0-100 km/h en 7,9 s ; consommation mixte WLTP très raisonnable de 5,3 l/100 kms, pour une autonomie théorique de 900 km (réservoir de 51 L). Poids de 1606 kg.
Jaecoo 7 : Un style plus affirmé !
Ici le style s’affirme un cran de plus, et le gabarit aussi. 4,50 m de long, soit pour le coup un format de SUV segment C assez compact. Il est aussi 4 cm plus court que le dernier Peugeot 3008 ; 24 cm plus court que le Sealion 5 DM-i que nous venons d’essayer. Le regard devient ici plus sophistiqué, à double étage. La partie supérieure, dédiée aux feux de jour et alors similaire au Jaecoo 5, s’accompagne alors d’optiques inférieures superposées pour les feux de croisement et pleins phares. Cela rappelle notamment un certain Porsche Macan électrique, de manière certes plus brute de décoffrage.
Les ailes sont bien marquées, de profil, notamment à l’arrière. Le Jaecoo 7 gagne sérieusement en muscles. Un effet stylistique souligne d’ailleurs un effet d’ailes élargies à l’arrière. Aussi, le montant C, en noir laqué est travaillé dans le détail.
Le pavillon flottant, la poupe un peu rebondie et le bandeau noir imposant qui englobe les feux : l’effet Range Rover Evoque est également présent ici. Le bandeau intègre cependant ici un effet lumineux, qui relie les deux optiques. On note aussi un effet damiers des clignotants, à l’image des feux de jour à l’avant.
A l’intérieur, la ressemblance avec Land Rover est frappante. C’est ici l’inspiration Defender qui est notable.
Les panneaux de porte simplifiés, très “carré”, le volant trois branches valorisant, avec les commandes multifonction au graphisme semblable, la planche de bord assez simple, très verticale, mais avec des détails valorisants. Les aérateurs latéraux ? Un petit côté Volvo XC60, avec un fonctionnement simplifié. Le matériau de planche de bord, texturé ? Renault Clio V. La console haute est ici davantage garnie de cuir, contre le plastique noir laqué du Jaecoo 5. On note le motif réussi, en “croisé”, des inserts de planche de bord, de l’enceinte centrale de planche de bord … On le retrouve sur les récentes BMW et Mini, de certains haricots de calandres à quelques revêtements à bord. On déplorera seulement l’aspect un peu grossier des boutons physiques de la console centrale : la police d’écriture est simpliste, et imposante. Idem pour les icônes du volet de raccourcis, tel le mode loupe des smartphones !
Notons la présence ici aussi d’un large toit panoramique ouvrant, une bonne chose.
Techniquement, le Jaecoo 7 propose lui une offre hybride simple et une rechargeable, en traction. La première, SHS-H (Super Hybrid System, Hybrid) bénéficie d’une puissance cumulée de 224 ch, avec une batterie NMC de 1,83 kWh. La seconde SHS-P (Plug-in), d’une batterie LFP de 18,4 kWh, pour une autonomie électrique conséquente annoncée de 90 km en mixte, 124 en ville. La puissance cumulée grimpe à 279 ch, 365 Nm de couple (295 sur l’autre). Le réservoir passe de 51 à 60 L, malgré la batterie imposante ! L’auto profite de la recharge rapide à 40 kW, pour recharger de 30 à 80 % en 20 minutes. L’auto bénéficie aussi du V2L, tel que nous avons pu le voir sur son concurrent de chez BYD.
L’hybride annonce 8,3 s au 0-100 km/h ; 8,5 le PHEV, malgré une prise de poids limitée (1870 contre 1715 kg). L’hybride promet 5,5 l/100 km, quand la version rechargeable annonce une valeur batterie vide limitée à 5,9 l/100 km.
Rendez-vous en 2026
Sur le modèle du concept Peugeot Polygon, nous avons pu traiter les nouveautés Jaecoo d’abord en numérique, avant d’avoir la chance d’en profiter en statique dans un premier temps. Merci à nos interlocuteurs de Omoda&Jaecoo France pour cette première rencontre. Ces deux autos montrent de beaux efforts de design, et une qualité perçue honorable. L’équipement est complet, et l’ergonomie des imposants écrans tactiles semble bien ficelée. La première approche est donc prometteuse. Il conviendra de vérifier la pertinence de l’hybridation maison, et de ce rapport unique pour la boite de vitesse “thermique” ! Nous espérons alors vérifier cela lors des essais prévus pour février 2026, après la diffusion des tarifs courant janvier. Restez connectés pour les informations des “faux jumeaux” de chez Omoda, cela suivra.





























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