Introduction
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, je me devais de vous contextualiser un petit peu la situation. À mon arrivée sur place, la Renault Wind en question, qui servira de base à la miniature, était prête pour les travaux. C’était un très bel exemplaire en version Gordini, avec jantes et déco spécifiques, provenant directement de Charente-Maritime (17). Un grand merci au propriétaire, qui est aussi le président du CARS17.CLUB, ainsi qu’à son ami pour avoir fait le déplacement !
- Renault Wind Gordini
Nous avons passé une bonne partie de la journée en extérieur et la météo s’est montrée relativement clémente, même si certaines couvertures nuageuses commençaient à nous donner du fil à retordre par moment. Tout se passa finalement bien. (Vous verrez plus loin dans votre lecture que la pluie aurait bien changé la donne !). Mais alors, comment se passe un scan d’une auto en vue d’une miniature ? Quelles techniques sont utilisées ?
Scan de la Renault Wind (et en général), késako ?
Avant de commencer, précisons qu’une seule et même personne est en charge de réaliser les scans chez OttOmobile, Solido, etc… Ici, ce monsieur s’appelle Arnaud (pas le rédac’ chef hein). Cet homme de l’ombre sillonne régulièrement les routes de France (voire d’autres pays) pour scanner des véhicules plus ou moins mythiques, que ce soit en concessions ou chez des particuliers, et ayant vocation à être réalisés en miniature. C’est en quelque sorte grâce à lui que vous avez tous vos véhicules préférés chez vous !
En amont du scan et une fois le véhicule prêt à ne plus bouger, pendant environ 2 heures, Arnaud doit venir apposer des boules blanches aux quatre coins du véhicule et sur le pavillon : ce sont des repères pour le scanner laser. Cela permet ainsi d’organiser et de structurer l’espace voulu, et donc le véhicule. D’ailleurs, pour ceux que ça intéresse, le matériel utilisé provient de la marque Faro, et coûte environ 40 000 €. Cette technologie est aussi utilisée en archéologie, voire même par les forces de l’ordre.
- Le scanner laser Faro.
Le scanner est ensuite déplacé tout autour du véhicule, avec un intervalle de plusieurs minutes, de sorte à pouvoir capter le sujet sous tous les angles possibles. Sur une voiture, sachez que l’on recense en moyenne 3 à 3,5 millions de points de scan (chiffre variable selon la taille du véhicule). Ces « points » sont en fait tous les endroits où le laser a touché la carrosserie, avant d’être reflété dans le boîtier. Proposant une précision millimétrique, il peut voir absolument tous les défauts de carrosserie du véhicule scanné, chose peu importante puisque cela est corrigé en aval lors du traitement par les équipes spécialisées.
En revanche, il y a quelques limites. Premièrement, le scanner est extrêmement sensible aux gouttes de pluie. Cela affecte donc le rendu final, puisque un voile sera grandement visible entre le scanner et le véhicule… Cela reste assez rare, mais en ce cas-ci, Arnaud est bon pour recommencer la procédure ! Second et dernier point : le scanner ne supporte pas les teintes sombres, les éléments chromés, et ne détecte pas les surfaces vitrées. En fait, le laser vient se perdre et ne fait pas de trajet retour vers l’objectif. Cela entraîne donc d’importants trous dans la matière recherchée (moins contraignant pour une surface vitrée). Mais à chaque problème, une solution ! Arnaud vient alors appliquer un produit matifiant (non offensif pour la carrosserie, qui se retire naturellement en quelques heures) pour que le laser puisse trouver un point de repère et retransmettre les éléments non détectés.
Simultanément, des mesures complémentaires sont prises à la main. Elles permettent de reconstituer très précisément les espaces entre plusieurs éléments du véhicule (par exemple, le logo avant avec le haut de la calandre ou le rétroviseur avec la cime d’une arche de roue, etc.). Cette complémentarité est indispensable, puisqu’elle permet d’avoir un véhicule proportionné à la perfection, et ce, même à échelle réduite. Le scanner ne le fait pas directement : il est seulement là pour reconstituer le véhicule sous format 3D, de synthèse. En supplément des mesures prises à la main, Arnaud vient prendre de nombreuses photos extérieures/intérieures, permettant d’obtenir une précision infaillible sur tous les nombreux détails du véhicule que le scanner aurait pu oublier. Le nombre de photos peut varier, allant de 300 à 500 selon les modèles et jusqu’à plus de 1000 pour les grosses pièces (camions/tracteurs). Un travail d’orfèvre finalement !
Pour finir, Arnaud vient réaliser un scan entier de l’habitacle, mais cette fois-ci, en utilisant une méthode différente. Il utilise un scanner à lumière pulsée, un objet pouvant coûter environ 30 000 €. Lui peut directement être pris en main, contrairement au laser Faro utilisé à l’extérieur et posé sur un trépied. Globalement, il vient envoyer des flashs très rapides qui rebondissent sur la surface visée, puis des capteurs enregistrent la façon dont la lumière revient. Il permet, en plus d’une meilleure praticité et ergonomie, un scan très détaillé de tous les détails de l’intérieur. Bien sûr, comme énoncé ci-dessus, Arnaud vient aussi prendre des photos en complément pour améliorer la précision.
Avant / Après le scan
Avant tout scan, il y a quelques étapes importantes à respecter. D’une part, une veille concurrentielle est primordiale afin de réaliser une étude de marché claire et précise. Logique. D’autre part, pour qu’un modèle puisse voir le jour, il faut bien sûr qu’un accord de licence soit signé entre le constructeur en question et le fabricant. Pour ce qui est des tarifs, les marques peuvent proposer un forfait ou un pourcentage, cela dépend.
Une fois le scan terminé, Arnaud envoie son travail aux équipes qui retravailleront les fichiers bruts pour ensuite créer le moule du véhicule. Autre détail notable, certains éléments peuvent être scannés à part, comme les jantes par exemple. En effet, une fois qu’un modèle est scanné, le « moule » (ou la « base ») est entièrement flexible et modulable. Avec les différentes cotes prises par Arnaud, il est entièrement possible de faire évoluer une architecture coupé à cabriolet (comme la Wind par exemple, pouvant être réalisée avec ou sans son toit), mais aussi passer d’un break à une berline, chose légèrement plus technique. Cela permet alors de réaliser des économies, ainsi que plusieurs variantes/versions d’un même véhicule. Pas besoin de scanner de nouveau !
Vient ensuite la phase de fabrication/production, réalisée en grande partie dans les usines de la marque en Chine et au Bangladesh. Une fois les modèles assemblés, ils reviennent dans les ateliers de Josselin pour être finalisés (peinture, déco, etc.), puis repartent à destination lorsqu’une commande est validée (possibilité de retirer sa miniature sur place). Sachez tout de même qu’entre la phase de scan et de production, il faut compter entre 1 an et 1 an et demi (6 mois dans certains cas, notamment si un véhicule fait l’objet d’une forte demande). Ici, pour la Renault Wind, il faudra au moins attendre le printemps 2026 avant de pouvoir se la procurer, et rien n’a été dit concernant la quantité qui sera produite, motus ! …
Visite des locaux et remerciements
- Un moule peut servir à plusieurs versions, la preuve…
- À vous de deviner de quel moteur il s’agit…
Après le scan, nous avons pu visiter les locaux de Josselin (sauf les ateliers logistiques) que nous connaissions déjà bien, puisque nous y étions pour l’OttoFest en 2024 : ce fût un beau rassemblement animé par la passion de l’automobile et des miniatures, regroupant de superbes mécaniques. Après un petit tour en salle de presse pour quelques explications et réponses à certaines questions, nous avons pu admirer les centaines de milliers de miniatures, sous tous les formats, arborant ce lieu mythique, à travers de nombreuses vitrines. Un rêve de gosse finalement ! C’est très impressionnant. Vous retrouverez également quelques modèles emblématiques, à l’échelle 1/1 cette fois-ci, comme la 205 GTi Griffe, une Alpine A110 très spéciale, la Coccinelle, ainsi qu’une Clio Williams. On retrouve même une splendide Citroën 2CV aux couleurs de la Bretagne, si ce n’est pas beau ça (!) … À savoir que les lieux peuvent être visités uniquement sur rendez-vous, ou après achat d’un modèle OttOmobile, Solido ou GT Spirit.
En tout cas, nous adressons un grand merci à toute l’équipe d’OttOmobile (environ 60 personnes au siège), et spécifiquement à Simon et Arnaud pour avoir organisé cette journée mémorable. Nous avons même eu la chance de repartir avec quelques goodies et même un cadeau : une miniature à l’échelle 1/18 ! Pour ma part, c’est une Peugeot 308 de 3e génération, magnifiquement réalisée et ravie d’avoir pu rejoindre ma modeste collection. Nous attendons désormais avec impatience la prochaine édition de l’OttOFest pour pouvoir revenir sur les lieux !




















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