Le nouveau projet imaginé par Gordon Murray après la légendaire McLaren F1, c’était de faire une voiture de sport biplace ayant un design sexy avec un V8 Mercedes. Au même moment, au salon de Détroit en Janvier 1999, Mercedes-Benz dévoile son concept car baptisé Vision SLR qui rend hommage à la Mercedes 300 SLR dont la version de série sera présentée en 2003 au Salon de Francfort. Ceux qui ont suivi le championnat du monde de Formule 1 entre 1995 et 2014 savent l’importance des liens qui ont uni Mercedes à McLaren durant cette période.
Étoile filante
Quand je repense au nombre de fois que j’ai pu choisir la SLR dans des jeux-vidéos, aujourd’hui c’est le moment de pouvoir passer en mode réel ! Impossible de ne pas voir le lien de parenté avec la gamme Mercedes-Benz de l’époque, tant sur les double phares ovoïdes ou encore le dessin des feux arrière. Cette supercar de rêve, entièrement habillée d’une peau de carbone, hérite de proportions harmonieuses avec un habitacle strict de deux places, rejeté derrière un long capot fuselé. Ce dernier est taillé en flèche et il représente près de 50% de la longueur totale de la voiture tout en évoquant avec sa double moustache, le nez d’une F1. On remarque aussi les énormes ouïes placées au-dessus des grosses sorties d’échappement latérales et franchement, ça envoie !
A l’arrière, on retrouve un petit aileron qui sert d’aérofrein, et on notera que le coffre est immense pour une voiture de ce segment, avec 272 litres ! Pour maîtriser au mieux les flux d’air, la SLR bénéficie de tout le savoir-faire de McLaren en aérodynamique en héritant d’un fond plat qui se termine, à l’arrière, sous la forme d’un extracteur caréné. Contrairement à l’Enzo et la Carrera GT, la SLR se situe à mi-chemin entre la voiture de course homologuée et la parfaite GT de luxe pour partir en vacances. Pour finir notre petit tour extérieur, les jantes de 18 pouces sont vraiment sublimes, le design façon turbine évoque la vitesse et la puissance de la voiture.
Comme son ancêtre, la SLR adopte des portes en élytre qui, une fois dressées vers les cieux, vous donnent le feu vert pour le paradis. Je me glisse donc à l’intérieur. L’habitacle est vraiment exceptionnel, entre l’ambiance high-tech pour l’époque, les sièges baquet en carbone tout tendus de cuir et le design de la console inspiré de celui du SL. On a vraiment affaire à une voiture d’exception. On reconnait bien l’empreinte Mercedes-Benz avec certains commodos communs à d’autres modèles de la gamme ainsi que le combiné d’instruments qui ressemble en tout point à celui du SL. La seule différence est alors avec le logo McLaren sur la partie inférieure des deux compteurs principaux. Certains commodos sont tout droit issus de la gamme Mercedes-Benz.
La présentation est assez épurée sur la console centrale avec l’essentiel. Sur la partie haute, on y trouve les commandes à rouleaux pour les buses de ventilation. En dessous, les commandes en lien avec l’aérofrein, dont une qui est horizontale, comme dans un avion. Puis on retrouve le cache avec l’inscription SLR, ce dernier dissimule la radio qui trahit très rapidement l’âge de la voiture. Elle est rattachée à un système audio BOSE et un chargeur 6 CD en option. Pour finir, on trouve les commandes de climatisation en bas. Je regarde les autres boutons sur le tunnel central et on trouve les petits boutons pour la gestion des aides à la conduite, et celui pour l’ouverture du coffre. Entre les deux sièges, on peut ouvrir une petite trappe donnant accès à un petit rangement et à un petit téléphone NOKIA. Dernier petit détail, la commande d’ouverture des vitres, le réglage de position des sièges et la poignée d’ouverture de la portière sont situés entre le siège et le seuil de porte. La finition globale est bonne, le mariage du cuir surpiqué et du carbone permet de faire abstraction des quelques éléments en plastique rigides.
- L’intérieur de la SLR McLaren
Et si on parlait du moteur ? J’actionne la tirette sous le tableau de bord pour déclencher l’ouverture du capot. Je descends de la voiture et une fois devant, il faut actionner une autre tirette sur la droite de la calandre pour que je puisse soulever et faire basculer le capot vers l’avant. La dernière étape consiste à saisir le capot depuis la baie de pare-brise pour le soulever et apercevoir la taille gigantesque de la pièce que l’on manipule avec délicatesse. C’est le moment idéal pour rappeler que cette voiture possède une structure entièrement en carbone, la touche de Mclaren est finalement visible que quand on s’attarde sur les détails techniques.
- Le V8 5.5 Kompressor de la SLR McLaren
La mécanique est placée en position centrale avant, juste derrière les roues, de manière à recentrer les masses de façon optimale. La base utilisée est celle du V8 M113 de 5,4 litres à trois soupapes par cylindre, suralimenté par compresseur, qui est présent dans les versions 55 AMG des SL, CL, E, G, S et CLS. Pour la SLR, le nom de code change pour M155 en raison des modifications spécifiquement mises en œuvre sur le moteur et ici, il développe 626 chevaux avec un couple camionnesque de 780 Nm ! Pendant cette période, le V12 biturbo poussé à 612 ch était sous le capot des modèles 65 AMG de la gamme et plus tard, 670 ch dans la SL65 AMG Black Series. Pourquoi alors est-il absent dans la SLR ? Probablement pour le poids. Cependant, le caractère du V12, qui a subi quelques améliorations, matche parfaitement avec l’ADN que la SLR aurait dû avoir à mon sens. Petit funfact, l’entrée d’air dans l’admission se réalise par le logo Mercedes et la tuyauterie de cette dernière mesure un mètre de long !
Je m’installe à nouveau dans la voiture et j’insère la clef pour mettre le contact et je vais pouvoir faire la procédure de démarrage comme si j’étais dans un avion de chasse. Il faut lever la petite trappe sur le dessus du sélecteur de vitesses, et appuyer sur le bouton Engine Start.
Messerschmitt ou Spitfire ?
Le bruit émis lorsque l’on presse le démarreur est tout simplement incroyable : le V8 éclate dans un grondement bestial qui tient plus de la NASCAR que de la F1. Je passe le sélecteur de vitesse en position D et je pars sur les routes en laissant le couple massif du moteur faire le travail. La position de conduite au ras du sol est vraiment parfaite. La seule chose déroutante, c’est la longueur de cet immense capot en pointe pour le placement sur la route et pour faire des manœuvres. Pendant que le moteur se réchauffe, j’ai le temps d’apprécier la qualité du confort et de la direction. La route possède une surface irrégulière mais la suspension n’est ni dure ni agressive, et même à basse vitesse, la façon dont elle gère les petites secousses est assez impressionnante.
Il n’y a rien à reprocher à la direction, qui est bien équilibrée et précise. La voiture tourne magnifiquement et il est clair que l’adhérence sur le sec est immense, sans jamais pouvoir se permettre de relâcher son attention. Heureusement, le moteur délivre sa puissance progressivement. Le passage des rapports est assez lent, puisqu’il s’agit d’une automatique à convertisseur de couple avec seulement cinq rapports. Les puristes auraient opté pour une boîte mécanique, ceux en recherche de performances auraient choisi une boîte robotisée, mais dans le cas de la SLR, il s’agit d’un impératif technique, car le couple titanesque de 780 Nm obtenu dès 3250 tr/mn ne pouvait être encaissé que par ce type de boîte. Une bonne dose d’humilité et d’expérience est nécessaire, y compris sur sol sec, car les roues arrière ont tendance à faire du sur place si on est trop brusque avec l’accélérateur.
- Le bouton de démarrage de la SLR McLaren
- Les jantes de la SLR McLaren
Au fur et à mesure que l’on se rapproche de la zone rouge à 7 000 tr/min, le sifflement du compresseur et le bruit d’admission commencent à rivaliser avec le grognement de l’échappement : c’est quelque chose de très addictif, comme si l’on était dans une muscle car américaine vraiment très, très bien assemblée. En arrivant dans une portion avec des virages, je constate rapidement qu’elle n’est pas si à l’aise que ça, en raison du poids mais aussi du gabarit qui n’inspire pas confiance pour un placement correct en virage. La direction manque cruellement de retour d’information, ce qui oblige à batailler sans cesse avec la direction.
Le freinage est assez difficile à jauger car il y a une légère course morte de la pédale, articulée au sol, avant que l’on sente les plaquettes mordre. Sinon, on peut compter sans problème sur les énormes disques en carbone-céramique livrés de série, 370 mm à l’avant et 360 mm à l’arrière avec des étriers à 8 pistons. Le tout est très endurant grâce au système Mercedes SBC. Lors d’un gros freinage, l’aileron amovible se lève pour faire aérofrein. En pleine reprise d’accélération, les aides à la conduite très intrusives s’avèrent d’un coup salutaires sur cette propulsion, sous peine de perdre l’arrière.
Sur la route du retour, notre bilan des performances est plus que satisfaisant avec un 0 à 100 km/h en 3,8 secondes seulement et 7,3 secondes plus tard, elle arrive à 200 km/h. Dans cette lancée, 22,7 secondes plus tard, elle atteindra les 300 km/h. Le 1000m DA est réalisé en 21,2 secondes et la vitesse maximale est de 334 km/h. La consommation moyenne en carburant de notre virée était de 15 L/100 km.
Choisissez une SLR Mclaren
Produite au sein du McLaren Technology Center à Woking, Mercedes-Benz devait produire 3 500 exemplaires de la SLR mais seulement 2 157 exemplaires seront fabriqués jusqu’en décembre 2009. Plusieurs variantes seront proposées : Coupé, Roadster, 722 Edition, 722 S, 722 GT et Stirling Moss (seulement 75 exemplaires). Toutes sont équipées d’un V8 de 5,4 litres à compresseur, dont la puissance va de 617 à 671 chevaux, et d’une boîte automatique à 5 rapports. En 2010, MSO (McLaren Special Operations) est fondée et la division commence à offrir de nouvelles pièces et ensembles, notamment grâce aux différents retours des propriétaires. Une SLR McLaren Edition, limitée à 25 exemplaires, est rapidement présentée et inaugure de nouveaux pare-chocs, flancs, toit, aileron et diffuseur arrière pour une meilleure aérodynamique. Les suspensions et l’assistance de direction sont revues et des jantes plus légères sont installées.
En 2019, MSO a dévoilé un programme de mise à niveau des véhicules existants, ce qui comprend un nouvel ensemble aérodynamique, de nouvelles pièces permettant une réduction de poids ou de nouveaux équipements de luxe, comme en sellerie en cuir matelassé par exemple. Et pour finir, en 2023, les premiers ensembles High Downforce Kit, inspirés de la 722 GT de course, ont été livrés uniquement sur douze voitures. Il est fascinant de constater que McLaren continue le développement et entretient la flamme d’un modèle qui a été présenté il y a 20 ans.
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