BMW Vision Driving Experience – Le prototype ultra-sophistiqué de la marque bavaroise testé aux États-Unis

BMW Vision Driving Experience

BMW Vision Driving Experience :  un prototype pour les futures électriques de la marque

C’est dans une livrée camouflage du plus bel effet que le nouveau coupé a fait ses premiers tours de circuit. La BMW Vision Driving Experience possède un moteur par roue, avec des jantes rétroéclairées : vert lors des phases d’accélération, elles se teintent de bleu lors des phases de récupération d’énergie et d’orange lors des phases de freinage. Pour continuer sur les atouts esthétiques du véhicule, les feux arrière à LED, du plus bel effet, se séparent de manière à laisser apparaître une continuité dans les lignes. La face avant se rapproche du concept Neue Klasse avec des optiques plus effilées tout en gardant la signature lumineuse.

Piloté par Jen Klingmann, pilote-essayeur chez BMW depuis 2013 et habitué des victoires en catégories GT, le prototype se permet de gérer un couple aux roues atteignant 18 000 Nm (pas de chiffres officiels sur le couple moteur réel). Quelques détails émergent de ces essais, comme un système aérodynamique actif permettant un appui de 1 200 kg et des passages en courbe jusqu’à 3G. De quoi terrifier même les passagers les plus aguerris ! Le but de ces tests, au-delà de repousser les limites de la physique et de donner une vision sur les futurs modèles sportifs électriques, est de mettre à l’épreuve le Heart of Joy (« Cœur du Plaisir » en français), le nouveau calculateur de gestion du groupe motopropulseur 100% électrique.

L’instant technologie, proposé par les ingénieurs bavarois

Pour les amateurs du jargon des véhicules électriques, il y a de quoi faire avec cette nouvelle génération de Neue Klasse ! Tout d’abord, le groupe BMW a récemment dévoilé la nouvelle génération de batteries eDrive, fabriquées à partir de 2025 et équipées de la nouvelle technologie 800V. De quoi permettre une recharge 30% plus rapide que sur les modèles vendus actuellement. L’inverseur, chargé de convertir le courant électrique direct en courant alternatif à trois phases exploitables par un moteur électrique, a été repensé pour permettre l’adoption de cette technologie prometteuse. De plus, une unité de gestion de l’énergie nommée sobrement “BMW Energy Master” est accouplée à la batterie haute tension, et permet de créer une interface intelligente capable de délivrer la puissance du moteur aux roues avec précision. BMW promet en outre l’adoption de la charge bidirectionnelle, faisant ainsi de votre véhicule une réserve d’électricité lorsque la charge atteint 100%. Des moteurs électriques asynchrones, c’est-à-dire dont les rotors sont configurés en biais et qui peuvent démarrer sans excitation électrique externe, seront montés sur l’essieu avant des Neue Klasse. Ces moteurs sont relativement peu chers à produire et proposent un couple supérieur et un design plus compact et léger.

La marque outre-rhénane a d’ailleurs adopté la cellule cylindrique pour son nouveau groupe motopropulseur. Les cellules cylindriques sont utilisées depuis très longtemps dans la plupart des équipements, comme dans votre télécommande de télévision, mais assez récemment dans les batteries de véhicules. Ce sont les cellules les plus résistantes, les plus durables. Elles sont réparables aisément. Leur forme compacte entrave leur puissance maximale, ce qui limitait historiquement leur utilisation dans les batteries de faible capacité des véhicules hybrides, ayant des besoins conséquents en phase d’accélération. Toutefois, en nombre suffisamment conséquent, ces batteries permettent un meilleur rapport coût/efficience que les autres types. Elles peuvent être espacées, ce qui améliore le refroidissement de la batterie dans sa globalité.

BMW réussit en parallèle le tour de force d’augmenter de 20% la densité d’énergie de ses nouvelles batteries, c’est-à-dire la quantité d’énergie électrique stockée par kilogramme de réactifs chimiques contenus dans la batterie. Enfin, les nouvelles batteries sont pensées pour être assemblées sans l’intermédiaire d’un « module » contenant les cellules, ce qui occasionnait souvent des problèmes de réparabilité dans les garages spécialisés indépendants.

C’est donc la solution supérieure aussi bien en termes de fiabilité que de réparabilité. Un réel atout dans un marché automobile souvent accusé (à raison) de greenwashing et de créer des « véhicules jetables ».

Heart of Joy : des chiffres ahurissants et une dynamique de conduite améliorée pour le Vision Driving Experience

Ce boîtier se targue de s’attacher à la gestion des dynamiques de conduite, de sorte à venir ajouter le plaisir de conduite aux trois piliers du projet Neue Klasse : électrique, circulaire et digital. Selon les mots de Frank Weber, responsable du développement chez BMW AG, “Heart of Joy” nous permet d’emmener le plaisir de conduite non seulement au niveau supérieur, mais également au-delà. De plus, nous avons à cœur d’améliorer l’efficience et donc l’autonomie, puisque dans le futur, le conducteur ne freinera quasiment qu’avec la récupération d’énergie. Il s’agit d’EfficientDynamics (le programme de réduction de la consommation et des émissions de CO² et de Nox de BMW, ndlr), à la puissance carrée. »

BMW Vision Driving Experience

Comme vu précédemment, les chiffres donnent donc le tournis : grâce à son lien avec le logiciel BMW Dynamic Performance Control, Heart of Joy est capable de gérer jusqu’à 18 000 Nm de couple aux roues et de traiter les informations liées à la conduite 10 fois plus rapidement que ce qui se fait de mieux chez la firme allemande. Il peut s’occuper à la fois des fonctions d’accélération et de freinage, de stabilisation du véhicule, de direction, de gestion de la charge ainsi que de gestion de la dynamique globale de conduite. Le tout avec une latence de moins d’une milliseconde et une efficience augmentée de 25% par rapport aux systèmes actuels de la marque !

La technologie réellement au service de l’expérience de conduite ?

Mais à quoi sert une telle démesure, un tel mastodonte de précision et de puissance ?
Selon le communiqué de BMW, ce système dans une configuration extrême leur permet d’affirmer que s’il est capable de gérer de tels pics de puissance, il sera capable de permettre une adaptation à la simple conduite quotidienne. Toujours selon les mots de la firme, ce système permettrait au conducteur d’obtenir assurance et sérénité en virage, ainsi qu’une conduite silencieuse, harmonieuse et plus fluide, avec un minimum de corrections à apporter en se servant des commandes de conduite. Si l’on prend en compte le fait que “Heart of Joy” soit lié à trois autres unités de commande (dont l’une se charge de la gestion de la conduite autonome; les deux autres étant chargées respectivement de l’infodivertissement et des systèmes de confort et d’éclairage intérieur-extérieur), on peut se poser des questions quant au degré d’implication du conducteur dans la future gamme 100% électrique.
Est-ce que le conducteur passionné BMW M se sentira encore vraiment “connecté à la route” ?!

En conclusion, le test de la BMW Vision Driving Experience permet de donner quelques indications sur le futur de la marque et le segment des berlines électriques. Le calculateur Heart of Joy embarqué dans le prototype est capable de gérer des performances hors du commun et d’offrir une dynamique de conduite améliorée. Gare tout de même à ne pas perdre son identité en voulant trop aseptiser les futurs modèles en retirant la sensation de connexion à la route aux conducteurs.

Texte : Julien Thoinet.

PS de votre réd’chef : Le département BMW M, assurément passionné parmi les passionnés béhémistes, et à la communication très bien huilée, nous propose depuis quelques semaines une série de vidéos sur l’électrification de ses autos, et la préparation de cette fameuse future M3 “Neue Klasse”. Le premier prototype semblait être sur une base proche de l’i4 M50, certes apparemment un peu raccourcie. Mais il me semble qu’au reveal du deuxième épisode, ils nous montraient sur le site dédié (All-electric high-performance from BMW M ) un premier prototype d’aspect “Neue Klasse” de série, avec les traits vraiment proches de ceux du concept de la berline, encore vue au Mondial de Paris 2024. Les vidéos sont dynamiques, l’esprit d’équipe est assurément sympathique ; tout cela semble définitivement de bonne augure ! La démarche est joliment justifiée ; et il est vrai que finalement aujourd’hui, une BMW M (M)xDrive est redoutable d’efficacité .. et de facilité. Alors pourquoi pas une M électrique ?

Dans ces vidéos, il y a des beaux plans qui “font rêver”, mais aussi de la grande honnêteté : voici des morceaux de vie du monde du développement, du stress des présentations aux “chefs” aux diverses casses de composants, … Voilà qui peut me rappeler quelques souvenirs personnels (bons et moins bons !).. 😉 On note que la dernière vidéo nous montre le son simulé de la future M3 électrique (!) qui nous rappelle pas mal le six-cylindres maison. 

En tout cas, la rumeur évoquait plus de 1300 ch possible .. nous verrons ce que cela donne en série, mais les performances de ce prototype et du Vision Driving Experience ne laissent pas indifférent ! C’est un peu la réponse du loup à la bergère, après Porsche et ses Mission-e et 718 GT4 ePerformance… Il faut montrer que l’électrique est sexy, plaisant à conduire et piloter, quand il est en bonne voie d’être une solution sinon unique, mais au moins très majoritaire, sur tous les segments. Merci à Julien pour sa participation, et à l’ouverture des “cartes blanches” ! La porte des ‘2 Ponts’ reste ouverte.