Les racines historiques : de la 300 SLR au rêve moderne
Tout commence dans les années 1950. Mercedes-Benz est alors au sommet de la compétition automobile, notamment grâce à la 300 SLR, voiture mythique basée sur la W196, monoplace de Formule 1. En 1955, cette 300 SLR remporte des victoires historiques, notamment aux Mille Miglia avec Stirling Moss et Denis Jenkinson. Le chiffre « 722 », qui correspond à l’heure de départ de leur course (7h22 du matin), deviendra un emblème.
Cependant, la tragédie des 24 Heures du Mans en 1955, où un accident impliquant une 300 SLR provoque de lourdes pertes humaines, pousse Mercedes à quitter la compétition. Ce retrait met un terme à une ère glorieuse pour la marque en course automobile. Pourtant, des décennies plus tard, l’héritage de la 300 SLR inspire un projet ambitieux : créer une supercar moderne qui marierait ce passé légendaire à une vision technologique futuriste.
Un partenariat audacieux
Ceux qui ont suivi le championnat du monde de Formule 1 entre 1995 et 2014 savent l’importance des liens qui ont uni Mercedes à McLaren durant cette période. La firme allemande étant allée jusqu’à contrôler 40 % des parts de l’entreprise britannique dans le cadre d’un partenariat qui dépassait largement la simple fourniture de moteurs. L’écurie McLaren-Mercedes remporte même la double couronne pilote/constructeur en 1998, avec le duo constitué de Mika Häkkinen et David Coulthard. McLaren, connu pour son expertise en matériaux composites et en ingénierie de pointe, était alors une force dominante dans le championnat. Mercedes, de son côté, cherchait à renforcer son image de luxe et de sportivité, en développant une voiture qui rivaliserait avec Ferrari, Lamborghini et Porsche.
La fusion des compétences était naturelle. Mercedes apporterait son expertise en production de masse, en moteurs fiables et puissants, et en confort, tandis que McLaren s’occuperait des innovations techniques, notamment dans la performance pure et l’utilisation de la fibre de carbone.
Le concept Vision SLR
Après une belle collaboration avec BMW pour la McLaren F1, le projet devait être initialement une petite voiture, construite à 1 000 exemplaires par an avec BMW, tout en étant beaucoup plus abordable que la F1. Cependant, le nouveau partenariat avec Mercedes mettra fin à ce projet et McLaren va devoir revoir ses plans. Le nouveau projet imaginé par Gordon Murray était de faire une voiture de sport biplace ayant un design sexy avec un V8 Mercedes. En Janvier 1999, Mercedes dévoile au Salon de Detroit un concept-car nommé Vision SLR, dont le nom signifie « Sport Leicht Rennsport ». Ce prototype est une déclaration d’intention. Inspiré par la 300 SLR des années 1950, la face avant interpelle par la longueur de son capot avant et par ses nervures qui s’inspirent indéniablement des capots des Formule 1 d’une autre époque. Ses portes papillon et ses lignes sculptées rappellent immédiatement l’héritage de la course de Mercedes.
- Mercedes-Benz Vision SLR Concept
- Mercedes-Benz Vision SLR Concept
Mais ce concept n’est pas qu’un exercice de style. Il présente des technologies avant-gardistes, comme un moteur V8 suralimenté, des freins en céramique et une structure largement composée de fibre de carbone. Ces éléments annoncent ce que serait la version de production. Selon les dires de Gordon Murray, le projet de McLaren a été soumis au constructeur à l’étoile mais il est resté sans nouvelles pendant trois mois, puis Mercedes répondra : « La mauvaise nouvelle, c’est que nous ne produirons pas votre voiture. La bonne nouvelle, c’est que nous avons un travail pour vous, car nous venons de créer le show car Vision SLR et nous voulons le produire en série. Vous allez tout faire : la concevoir, la fabriquer, la tester, l’homologuer. »
Le concept suscite un immense enthousiasme. Mercedes et McLaren décident alors de lancer la production de ce qui deviendra la SLR McLaren, avec pour mission d’incarner la synthèse ultime entre une GT luxueuse et une supercar performante.
La genèse d’une supercar
Le développement commence au début des années 2000. La voiture devait offrir des performances dignes d’une voiture de course tout en conservant un confort et une praticité propres à une GT. Cela représentait un véritable défi.
Le moteur : Au cœur de la SLR, on trouve un moteur V8 de 5,4 litres développé par AMG, la division haute performance de Mercedes. Ce moteur suralimenté produit 626 ch et propulse la voiture de 0 à 100 km/h en seulement 3,8 secondes, avec une vitesse maximale de 334 km/h.
La fibre de carbone : McLaren, pionnier dans l’utilisation de la fibre de carbone en Formule 1, applique cette expertise à la SLR. La voiture repose sur un châssis monocoque en carbone, incroyablement rigide et léger. Cela permet de compenser le poids élevé du moteur et des équipements de confort.
Les freins et l’aérodynamisme : Les disques en carbone-céramique offrent une puissance de freinage impressionnante et une résistance à la chaleur accrue. Par ailleurs, la voiture est équipée d’un aileron arrière déployable, qui agit également comme un frein aérodynamique.
La production : Contrairement aux Mercedes classiques, la SLR est assemblée dans l’usine McLaren à Woking, au Royaume-Uni. Chaque exemplaire est fabriqué à la main, avec un souci du détail extrême.
La version finale est présentée en 2003 au Salon de Francfort. Avec son long capot, ses lignes fluides et ses portes en élytre, elle impose immédiatement le respect. Mais ce n’est pas qu’un objet de design. La SLR est conçue pour être conduite au quotidien, contrairement à d’autres supercars plus radicales. Elle dispose d’un habitacle luxueux avec des matériaux haut de gamme, des sièges confortables et une boîte de vitesses automatique à 5 rapports, choisie pour sa robustesse face au couple colossal du moteur.
Les éditions spéciales de la SLR
Au fil des années, Mercedes et McLaren ont décliné la SLR en plusieurs éditions spéciales :
- SLR 722 Edition (2006) : Hommage à Stirling Moss et à la Mille Miglia, avec une puissance portée à 650 ch et des performances encore améliorées ainsi qu’un kit carrosserie spécifique, plus aérodynamique.
- SLR Roadster (2007) : Une version découvrable, offrant les sensations d’un cabriolet sans compromettre les performances.
- SLR Stirling Moss (2009) : Version radicale sur base de 722 Edition, sans pare-brise, en hommage à la version d’époque pilotée par Stirling Moss. Elle est limitée à 75 exemplaires, uniquement disponibles pour les propriétaires de SLR.
Une fin de production marquante pour la Mercedes SLR
La production de la SLR McLaren s’arrête en 2010, après 2 157 exemplaires fabriqués. Bien qu’elle ait parfois été critiquée pour son poids élevé et son positionnement hybride entre GT et supercar, la SLR reste une voiture unique en son genre. Elle symbolise la rencontre entre deux philosophies automobiles : la rigueur allemande et l’audace britannique.
Cependant, son histoire ne s’est pas arrêtée là. McLaren Special Operations (MSO) a continué à proposer des améliorations exclusives pour ce véhicule, permettant aux propriétaires de moderniser et d’optimiser leurs modèles. Parmi ces évolutions, on retrouve des mises à niveau aérodynamiques, des systèmes d’échappement allégés, des suspensions revisitées et des kits designs uniques. Ces initiatives, comme le programme “SLR by MSO” ou encore la très exclusive SLR 722 par MSO, ont permis de maintenir l’attrait et les performances de ce modèle légendaire, tout en renforçant son statut d’icône intemporelle dans le monde automobile.
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